Quelles sont les motivations internes qui poussent l'individu à créer ?

• Pour Freud, la création s'explique par la "Sublimation" : l'acte de créer étant toujours placé en état de dissonance, ainsi l'insatisfaction nous pousse à modifier donc à créer. Il prétend que nos instincts parviendraient à se "sublimer" lorsque "le blanc se confond avec le bleu".

D'où la démarche de l'Artiste : car il n'y a pas de recherche pour un effet proprement esthétique, mais la manifestation d'une exigence profonde d'expression immédiate pour établir un langage par l'image. Après le coup de foudre, ce qu'on appelle aussi l'inspiration, on décante toutes sortes d'idées : c'est le rôle des esquisses ; puis on passe du concept au dessin, enfin on concrétise en faisant de l'abstrait, ou on fait de l'abstrait en concrétisant...

• Au moment où l'on revient à l'Art Figuratif, Françoise FISCHER nous amène dans la suggestion, dans une interprétation sublimée et transcendante de l'essentiel. Par l'accord des encres et du papier, la diversité et richesse des formes et des couleurs tenant à une certaine ingénuité, son Œuvre tend vers l'Abstrait tout en conservant un dessin affirmé.

        L'acte de créer est l'accomplissement de soi-même, c'est également ce que l'on reçoit de la vie qui exprime l'Œuvre. Chez Françoise Fischer, la couleur est en quête d'énergie : elle cherche le rythme de la vie, elle est fulgurance, elle luit. Ce sont des scintillants, des reflets irisés, des variations, des dégradés, et les cinq éléments (Feu, Bois, Métal, Terre, Eau), qui nous font pénétrer dans un au-delà où les repères donnés suscitent d'autres visions subjectives.

         La Peinture est devenue méditation. L'utilisation du papier, de la toile et des encres est particulièrement adapté pour exprimer cette état d'esprit. On peut froisser, modeler... la transformation et l'absorption libèrent et permettent l'expression. Préférer des surfaces froissées, c'est accueillir le fortuit pour l'apprivoiser, c'est une excitation de l'intellect pour y découvrir des formes variées afin de les ramener à des figures bien conçues. C'est le hasard qui conduit à la finalité et le sujet n'est plus vraiment essentiel.

• Au relais de toutes ces étapes, il y'a comme une leçon de tendresse, d'humilité, un reflet d'éternité pour ne retenir que ces petites expressions dans lesquelles elle nous offre des clefs qui génèrent l'élan de l'âme.

       Si le plaisir de donner à voir, de solliciter les sens de celui qui regarde, reste une offrande, une communication entre l'Artiste et le Public, c'est  aussi l'occasion de critiques, voir d'une reconnaissance.

         Les galeristes sont exigeants et, l'Artiste doit alors jongler entre plaisir et contraintes économiques : Si la technique reste impressionnante et la sensibilité débordante, le chemin est toujours long et difficile pour être reconnu.

• Il y'a pour les peintres deux manières d'exprimer la réalité des choses : les montrer telles qu'on les voit dans notre lien optique avec le réel observable, ou bien les évoquer avec art, c'est-à-dire sans copier la nature mais en visant grâce à elle une harmonie poétique. Le mot "poétique" est pris ici dans son sens originel du verbe grec "poîen", qui signifie communiquer avec la main, l'esprit à la manière. Dans notre langue, le mot "manifestation" a le même sens.

       "Rien ne définit un Artiste, cependant, si la Peinture, point de départ de soi-même, devient communication, si le sujet, qui est prétexte, et, si les couleurs, les formes, provoquent chez le Visiteur que vous êtes : Emotion, Interrogation, ou Aversion...... Alors j'ose espérer que je suis peut-être une Artiste !".